Alors que les villes subissent la pression de la croissance démographique, du réchauffement de la planète et de l’aggravation des inégalités, nous devons tirer le meilleur parti de nos espaces urbains. Face à ces défis, Paris ouvre la voie à un urbanisme plus transparent et démocratique, pour que la ville grandisse de manière juste et durable. L’année dernière, la ville a ouvert 5% de son budget annuel – d’une valeur de 20 millions d’euros – au vote populaire. Les parisiens ont été invités à sélectionner des projets architecturaux et urbains, à financer par la mairie. Les projets primés comprenaient des installations artistiques publiques, des espaces de Co-travail, de nouveaux espaces piétonniers, des jardins communautaires et des fermes verticales.
Mais les autorités locales du monde entier sont confrontées à des budgets serrés et à une réduction des financements des gouvernements centraux, ce qui limite leur capacité à améliorer nos villes. Pour l’instant, les projets de régénération urbaine financés par des fonds publics sont donc limités. Une autre solution consiste à prêter ou à vendre des terrains et des immeubles appartenant à l’État à des investisseurs privés, qui disposent des capitaux nécessaires pour financer d’importants aménagements urbains et moderniser leurs infrastructures. Cependant, la régénération menée par le privé pose ses propres problèmes : les développeurs privés cherchent à rentabiliser ces nouveaux développements, ce qui signifie qu’ils échouent souvent à répondre aux besoins locaux et à accélérer la gentrification.
Réinventer Paris
Pourtant, Paris semble avoir trouvé le moyen de naviguer dans ce processus de manière plus transparente et plus engageante. En 2014, Reinventing Paris a été lancé – un concours international invitant à présenter des propositions de «projets urbains innovants» pour réaménager 23 sites dans la capitale française. Les zones sélectionnées comprenaient les anciens bains publics, les sous-stations d’électricité abandonnées, les parkings, les hôtels désaffectés, les terrains vides et les friches industrielles.
Selon Jean-Marc Nicolle Réinventer Paris a offert une alternative aux stratégies favorisant les projets de «grand design» et l’attraction de capitaux étrangers. Au lieu de cela, il a encouragé les architectes et les développeurs à collaborer avec des start-up, des organisations à la base, des universités et des artistes. À cette fin, l’hôtel de ville a mis en place une plate-forme en ligne permettant aux organisations et aux particuliers de présenter leurs idées et de faire équipe avec d’autres partageants des ambitions similaires.
L’urbanisme du 21ème siècle
À la suite du concours, 1 341 nouveaux logements seront construits d’ici 2020 et près de la moitié seront des logements sociaux. Bien entendu, il faudra plus pour soutenir la croissance démographique de la ville. Mais l’initiative montre que les objectifs en matière de logement social ne découragent pas nécessairement le secteur privé d’investir dans de nouveaux développements.
En effet, Réinventer Paris a rencontré un tel succès que les responsables de la ville ont récemment annoncé un nouveau concours pour réinventer la Seine, qui s’étend de Paris aux anciennes villes industrielles de Rouen et du Havre, dans le nord de la France.
En fin de compte, les règles de soumission flexibles, associées aux exigences en matière de logement et d’environnement, ont poussé les candidats à innover. Le résultat est 23 nouveaux projets, qui sont socialement inclusifs, écologiquement durables et économiquement viables. Cela montre que cette forme d’urbanisme progressif du XXIe siècle a le potentiel de résoudre les problèmes financiers, sociaux et environnementaux auxquels sont confrontées les villes de toutes formes et de toutes tailles.