Tout comme les années précédentes, l’activité des agences de microcrédit au Maroc ne cesse de connaître une hausse fulgurante, comme l’affirme le rapport des directeurs d’agences de microcrédit établies dans le pays. Avec 200 000 nouvelles souscriptions par an, le nombre total de clients est proche des 950 000, pour un encours de crédit total d’environ 6,5 milliards de DH. Le souci c’est que malgré cette hausse des risques se présentent également pouvant aggraver la situation de chaque souscripteur.
Marché du microcrédit dynamique, une aggravation de la situation à double sens ?
Le secteur marocain du microcrédit demeure très dynamique avec un essor continu du nombre de bénéficiaires et de l’encours de crédit. Toutefois, cette croissance est accompagnée d’une aggravation du risque que les membres puissent encourir. Ceux sont les associations qui sont les plus impactés par cette situation ; notamment à cause de la hausse des impayés.
Prenons l’exemple d’Al Amana Microfinance, numéro un au Maroc, le taux de risque des clients a augmenté de 3 % (+ 1 point). Toutefois, il reste contenu au regard des 2,5 milliards de DH de prêts accordés l’an dernier et aux 5 % observés en 2011.
Aucun événement spécifique n’est en cause dans ce mouvement. Selon un professionnel du domaine, « Il faut simplement y voir l’impact de la production de l’exercice 2017 ». En effet, le délai de remboursement varie aux alentours de 2 ans tandis que le turn-over se place à 5 ans en moyenne par client.
De ce fait, le montant des nouvelles souscriptions et le renouvellement des lignes de financement de clients existants sur une année influent différemment sur les chiffres de l’année suivante. Les efforts des organismes de microcrédit participent à préserver les effets négatifs des défaillances de clients. Parmi les mesures adoptées pour améliorer la gestion des risques figurent des processus optimisés, un contrôle plus strict et une stratégie de recouvrement plus agressive.
Une problable reconfiguration du marché pour le bonheur des associations de microcrédit marocaines
En vue d’offrir aux TPE, qui sont hors-systèmes du circuit bancaire classique, une solution de financement, la limite d’octroi des crédits a été relevée de 200 %, à 150 000 DH. Cette décision vise en outre à donner au microcrédit une place plus importante dans le paysage financier et contribuer à l’essor d’activités rémunératrices. Cependant, les associations qui proposent ce type d’aide devront détenir une capacité financière importante, sans oublier des ressources humaines et techniques visant à gérer au mieux chaque agence.
Les plus grosses structures sont les seules à avoir une chance de développement, conduisant à la concentration du marché. Dans l’attente des décrets qui appliqueront ces dispositifs, les associations sont prêtes à former leurs employés aux changements que cela va apporter. Des nouvelles stratégies seront mises en place afin d’apporter leur aide aux TPE qui sont à la recherche d’une source de financement mais aussi de limiter les risques que les associations puissent encourir. D’ici là, les associations de microcrédit marocaines essaient de garder la tête hors de l’eau tout en attendant une situation plus meilleure.